Dossier bad 4

Comment le joueur de badminton smashe-t-il ?
Zoom sur le bras dominant

Voilà bien une question que nombre de joueurs se posent : comment dois-je m’y prendre pour smasher le plus fort possible… ?

Certains joueurs trouvent le « truc » ! Les autres sont la cible malgré eux de théories plus ou moins hasardeuses sur la question.
Bien que l’intérêt de vouloir smasher le plus fort possible à tous prix soit discutable d’un point de vue tactique et selon les situations, le smash n’en reste pas moins une arme déterminante. Surtout si l’on n’oublie pas qu’un bon smash n’est pas seulement un smash puissant. Il faut aussi tenir compte de la précision, de la pertinence de la prise d’information et de la prise de décision en situation dynamique, de l’angle et de l’efficience du smash. J’entends par efficience le ratio efficacité/économie du smash. Deux joueurs peuvent avoir un smash aussi efficace mais l’un des deux pourrait être capable d’en réaliser un plus grand nombre avec la même efficacité tout au long du match simplement grâce à sa technique de frappe.

Biomécanique et morphologie : les deux pièces du puzzle de la technique

La technique de frappe va être influencée par des principes biomécaniques et la morphologie du joueur. En effet, vous l’aurez tous remarqué, on ne trouve pas deux joueurs qui frappent le volant exactement de la même manière. Cela tient au fait simple qu’il n’existe pas deux êtres humains totalement identiques. Il n’existe donc pas une technique pour tout le monde mais plutôt une technique pour chacun.
Néanmoins, le mouvement du smash en badminton est soumis à des phases et des instants clés. Je vais ici me limiter à une analyse partant du tronc jusqu’aux membres supérieurs en prenant comme référence le bras dominant, c’est-à-dire le bras côté raquette.
Si je m’inspire d’autres études portant sur des problématiques similaires dans des sports comportant des gestes ressemblant, il est possible d’identifier trois phases : la phase d’armé, la phase d’accélération et la phase de décélération.

Les différentes phases lors d’un smash en badminton :

 

La phase d’armé :

Il est possible de trouver des micro-phases et des instants clés au sein de la phase d’armé. Celle-ci débute par une phase d’ajustement où le joueur affine sa position par rapport à la trajectoire du volant. Lors de cette phase d’ajustement, la position des membres supérieurs ne doit pas être celle que le joueur adopte à la fin de la phase d’armé. En effet, à ce moment le joueur est déjà en train d’accumuler de l’énergie. Il engendre de l’accélération par son déplacement ce qui lui permet de pré-activer les structures actives de ses membres inférieurs responsables d’une partie de sa performance pliométrique. L’autre partie représentée par les structures passives étant déjà mise sous tension (tel un ressort) lors de cette phase d’ajustement. Les bras jouent un rôle important dans cette phase d’ajustement que l’on aurait pu prolonger un peu et appeler « phase d’accumulation d’énergie ». Leur utilisation lors des rebonds pliométriques d’ajustement permet un verrouillage entre la chaîne des bras et le tronc limitant la dissipation d’énergie et augmentant le rendement de l’action pliométrique. Essayez de rebondir bras tendus au-dessus de la tête ou de les utiliser pour rebondir et vous comprendrez leur utilité…
Suite à cette phase d’ajustement, on peut définir un instant clé lors de la position la plus basse du coude dominant. A ce moment précis, le ressort est écrasé au maximum et il est prêt à relâcher toute l’énergie emmagasinée. Le haut du corps est verrouillé et prêt à accompagner l’accélération générée pour s’en servir lors du transfert d’énergie qui s’opère lors de la phase d’accélération. Lors de l’extension des membres inférieurs, on remarque une élévation coordonnée de la chaîne des bras avec l’extension de hanche et des genoux. A la fin de la phase d’armé, le bras dominant vient se positionner en abduction et en rotation externe afin de mettre sous tension la partie antérieure du torse. Chez certains joueurs ayant un espace trop réduit entre l’articulation gléno-humérale et la voûte ostéo-ligamentaire acromio-coracoïdienne, des frottements excessifs peuvent survenir lorsque l’humérus est porté en rotation externe. Ces frottements peuvent entraîner des lésions au niveau du tendon du supra-épineux. Nous voyons ici tout l’intérêt d’adapter la technique lors de l’armé afin d’éviter des tendinites de la coiffe des rotateurs.

 

La phase d’accélération :

Lors de cette phase, le bras initie sa rotation interne et débute son extension pour donner de la vitesse à la main et à la raquette. Le centre du corps effectue un rapide changement de rotation en passant de l’hyper extension à la flexion et d’une rotation longitudinale vers la droite à une rotation vers la gauche pour un joueur droitier par exemple.

La phase de décélération :

Cette phase est ultra violente et potentiellement traumatisante puisque l’on freine le mouvement de manière excentrique (contraction + étirement des muscles) grâce notamment aux muscles postérieurs de la chaîne des bras et du centre du corps. Lors de cette phase, des ratios de force équilibrés entre les muscles antérieurs et postérieurs du torse sont essentiels. De plus, chez certains joueurs ayant un espace trop réduit entre l’articulation gléno-humérale et la voûte ostéo-ligamentaire acromio-coracoïdienne des frottements excessifs peuvent survenir quand l’humérus est porté en rotation interne. Ces frottements peuvent, à terme, léser le tendon de l’infra-épineux.

Un enchaînement segmentaire

Selon le principe de sommation des vitesses, afin de produire la vitesse la plus importante possible à l’extrémité d’une chaîne de segments, il faut que le segment le plus distal (éloigné) commence son mouvement à l’instant de la vitesse maximale de son segment voisin proximal (le plus près). De cette manière, chaque segment développe la vitesse du segment précédent et engendre de l’accélération. Cette séquence que l’on appelle proximo-distale serait initié par les segments les plus lourds et les plus larges, puis progresserait vers les segments les plus légers d’après plusieurs études réalisées sur des lancers et des frappes de balles.

Pour conclure, je dirais que la biomécanique est l’un des nombreux champs inexplorés en badminton. Celle-ci pourrait apporter des réponses déterminantes, par exemple en évaluant les taux de participation des différents segments dans la création de vitesse angulaire tout au long du mouvement. De trop nombreuses questions restent en suspend concernant ce champ d’investigation et font de la technique du joueur de badminton un véritable méli-mélo de croyances. Cependant, il est possible de co-construire (joueur-entraîneur- préparateur physique dans le meilleur des cas) une technique de smash cohérente et donc personnalisée en s’attaquant à l’analyse morphologique du joueur et/ou dans le pire des cas, à celle de son passé traumatologique. Il apparaît évident à tout le monde d’analyser le jeu de son adversaire pour en comprendre les points forts, les points faibles et ainsi parvenir à le dompter. Surtout lorsque l’on ambitionne de grands résultats…Il est donc tout aussi évident qu’une analyse du joueur et de son corps est nécessaire pour qu’il parvienne à s’approprier la technique que requiert la pratique du badminton.
Surtout lorsque l’on ambitionne de grands résultats.

Bon entraînement intelligent à tous !

Maxime Michel
DESJEPS Badminton
Préparateur physique

Philippe Michel
Professeur Agrégé EPS

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