Dossier bad 1

De quoi le joueur de badminton a-t-il besoin au niveau énergétique ?

Pour ce premier dossier, j’ai pris beaucoup de plaisir en revenant à mes premiers amours : les filières énergétiques.
Une petite analyse des contraintes qui je l’espère vous passionnera autant que moi :

 

Les réserves de glycogène sont-elles importantes pour le joueur de badminton ?

Si l’on reprend les données de l’étude réalisée par la Direction Technique Nationale de la Fédération française de badminton portant sur l’analyse longitudinale des temps de jeu réel en simple hommes et simple dames, nous pouvons faire plusieurs constats et remarques. Tout d’abord, un match de badminton de simple hommes par exemple durerait en moyenne 43’ ce qui pourrait laisser entendre que les réserves de glycogène ne seraient pas mises à mal par un match si l’on comparait cela à un effort de course à pied. Hors, ce qui doit être pris en compte ce n’est pas tant la moyenne mais l’écart type. En effet, un match de badminton peut aussi bien s’achever en 25’ dans un duel à sens unique qu’être prolongé durant 1h30…ce qui aurait un tout autre effet sur les réserves de glycogène du joueur. D’autant qu’un joueur de badminton de haut-niveau peut avoir jusqu’à 4 matches dans une journée et 8 matches dans un tournoi de 2 à 4 jours. Dans des compétitions par équipe, un joueur peut être amené à jouer 7 jours d’affilée et 2 fois par jour. Nous voyons donc que le restockage du glycogène sera un élément non négligeable dans la réitération de la performance en badminton.

 

La filière aérobie au service de l’explosivité du joueur de badminton

De plus, un joueur de badminton aura un calendrier très chargé pour des raisons hors du contrôle du staff et du joueur. En effet un joueur de badminton doit faire au grand minimum 10 tournois internationaux dans l’année, 10 journées interclubs qui bien souvent représentent sa principale source de revenu, le championnat de France, les compétitions de référence de l’année (au moins 2) et peut être la phase finale des interclubs… La charge très importante de compétition impose au joueur des qualités de capacité et de puissance aérobie suffisantes pour pouvoir récupérer entre les compétitions, entre les entraînements, entre les matchs…La filière aérobie n’est donc pas à négliger d’autant que la resynthèse de la phosphocréatine (PCr) est oxygéno-dépendante. Si l’on observe les durées d’échange et les temps de récupération par échange, nous constatons qu’un échange dure en moyenne 9,5sec et deux tiers des échanges durent moins de 10 secondes pour une récupération allant de 10-30sec entre les points jusqu’à 2’ entre les sets. Une grande partie des échanges balayent l’ensemble de la filière alactique de la puissance (0,60sec l’échange le plus court) à la capacité mais la récupération est incomplète entraînant une diminution totale ou partielle des réserves de PCr. L’enjeu sera donc de permettre au joueur de resynthétiser la PCr le plus rapidement possible pour lui permettre de réaliser des actions les plus explosives possible tout au long du match.

 

La puissance lactique à ne pas délaisser totalement

De plus, nous devons faire la remarque suivante, un échange de 9,5sec fera aussi appel à des qualités de puissance anaérobie lactique, dans une moindre mesure que la filière alactique certes mais il nous faut prendre en compte cette donnée pour ne pas oublier un paramètre qui peut être déterminant de la performance. Cela est d’autant plus vrai que l’écart-type entre l’échange le plus court (0,60sec) et le plus long (68,50sec) est immense. En effet, un tiers des échanges durent plus de 10sec et peuvent atteindre la minute…La filière lactique n’est donc pas à délaisser totalement. Un seul échange amenant un joueur dans la capacité de cette filière peut être un tournant décisif dans un match si ce dernier ne parvient pas à récupérer de cet échange. Il sera donc du devoir de l’entraîneur de prévoir le pire (qui n’est pas rare) et de permettre à son joueur d’aller supporter des efforts lactiques.

Le pouvoir oxydatif musculaire : la vrai force du joueur de badminton

Néanmoins, les joueurs appelés à tort « joueur physique » (les qualités physiques ne se limitant pas à la résistance à la fatigue…), s’ils veulent épuiser leur adversaire sur le long terme au cours d’un match de badminton, devront l’asphyxier au niveau musculaire. En effet, la différence entre le badminton et la course est marquée par l’intermittence (court/court pour le badminton) et les contraintes musculaires plus importantes en badminton. Ces deux paramètres cumulés demandent au joueur de badminton une grande efficacité de son pouvoir oxydatif au niveau musculaire. La VO2max est bien sûr un élément important à prendre en compte et doit se trouver dans la moyenne des sports mixtes (environ 60ml.kg-1.min-1). Mais elle ne doit plus être au centre des préoccupations. A quoi bon être capable de gaver son sang de molécules d’oxygène si nos muscles ne sont pas capables de capter ces molécules avec efficacité. Cela équivaut, toutes proportions gardées, à faire couler beaucoup d’eau dans une passoire… Le travail de la puissance maximale aérobie doit donc être orienté vers une sollicitation accrue du pouvoir oxydatif musculaire. Dans ce type de travail, la VO2max sera toujours sollicitée mais dans une moindre mesure par rapport à un travail plus classique qui ne serait pas optimisé pour le badminton.

A méditer et à digérer peut-être pour quelques lecteurs

 

Bon entraînement intelligent à tous !

Maxime Michel
DESJEPS Badminton
Préparateur physique

Philippe Michel
Professeur Agrégé EPS

 

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