Programmer une séance de badminton
La planification, dans le monde du badminton, est largement débattue, critiquée voir reniée. Pourtant, les sports à dominante énergétique et structurelle ne font surtout pas l’impasse sur la planification. Nous nous passerons de démontrer que ces disciplines obligent à optimiser au maximum cet aspect. Mais pourquoi le badminton fait-il le choix de s’en passer ? Certes, le badminton n’est pas un sport à dominante énergétique et structurelle. Si les dimensions techniques, tactiques et psychologiques/mentales ont des parts très importantes dans la performance en badminton, faut-il pour autant négliger les dimensions énergétique et structurelle. Alors, n’est-il pas dommage de se passer de cette optimisation qu’apporterait un effort de planification ?
Savoir où l’on va
La programmation d’une séance fait partie intégrante de la planification. Elle est un pavé savamment placé sur le chemin qui mène à la finalité déterminée conjointement avec le joueur. Autrement dit, il n’est pas possible de programmer une séance intelligemment si l’on n’a pas déterminé au préalable où l’on va. Qui entreprend et part en voyage sans connaitre sa destination ? Qui commence à construire sa maison sans avoir une idée de son état final ?
Savoir ce que l’on fait
C’est, il me semble, l’exigence préalable incontournable à la programmation d’un entraînement. Pour cela, il faut être à même d’identifier les charges physiques d’un entraînement. Les charges mentales et émotionnelles sont également à prendre en compte mais nous n’en parlerons pas ici. Les charges physiques regroupent :
- Les charges énergétiques : elles sont liées aux filières énergétiques.
- Les charges structurelles : elles sont liées aux différentes structures de l’organisme (muscles, tendons, fascias…)
L’enjeu est donc d’être capable d’analyser les charges physiques d’un entraînement, d’un match et d’une compétition. L’exercice n’est pas si simple et demande un certain nombre de connaissances et beaucoup de pratique.
Déterminer des objectifs pour sa séance
Lorsque l’analyse ci-dessus a été faite, il vous faut déterminer des objectifs pour votre séance. Ceux-ci se basent sur :
- Les charges des séances précédentes.
- Les réponses des joueurs face aux séances précédentes (fatigue, courbatures, succès/échec…)
- Les charges des séances suivantes pour être dans une logique construite.
- Les objectifs du cycle.
- Les échéances à court terme.
- Les objectifs de la saison et de la carrière, c’est-à-dire les objectifs à long et très long terme.
Les objectifs de votre séance ne doivent pas être trop nombreux. Nous vous en conseillons trois au grand maximum. Avec 3 objectifs, il est déjà difficile que ceux-ci ne s’opposent pas malgré une organisation intelligente. Au-delà, vous aurez dans la quasi-totalité des cas des objectifs en opposition physiologique ce qui les « annulera » en quelque sorte.
Un exemple : le travail de Force maximale (indispensable au joueur de badminton, et tout à fait réalisable sans avoir une salle de musculation à disposition) couplé avec un travail à dominante aérobie au cours d’une même séance verra ces deux qualités limitées dans leur développement. |
En revanche, certaines formes de travail concernant différentes qualités, lorsqu’on les couple dans une même séance et parfois dans un même exercice se sublimeront les unes les autres. On entrevoit alors un entraînement de très haute qualité, intelligent et bienveillant.
Un exemple : la proprioception couplée directement avec un travail de vivacité et/ou de pliométrie permet un pré-recrutement des unités motrices. |
Conclusion
L’intérêt de planifier en badminton n’est pas à débattre ; s’il y a débat, il réside dans la manière de planifier. Comme il ne serait pas pertinent de faire une planification type pour le badminton, il devient fondamental de construire des planifications adaptées aux contextes particuliers de chaque structure d’entraînement et aux problématiques individuelles pour assurer cohérence et efficacité. La programmation qui se situe, vous l’avez compris, à une plus petite échelle, ne peut se passer d’une planification. Programmer sa séance ou sa semaine sans planifier la suite n’a aucun sens. Pourtant, la programmation de séance est bien moins sujette à la critique. Cela étant dit, nous pensons avoir montré ici les différences fondamentales entre programmer sa séance et préparer sa séance…
Bon entraînement intelligent à tous !
Maxime Michel
DESJEPS Badminton
Préparateur physique
Philippe Michel
Professeur Agrégé EPS
Commentaires récents