Varier ses services est-il important ? Le service est souvent perçu comme un simple engagement avant de rentrer dans le vif du sujet. En réalité, c’est une composante cruciale du jeu, chargée de stratégies et de nuances. Au cœur de ces stratégies se trouvent deux...
Dossier Bad n°18
L’alimentation du joueur de badminton
Santé et performance
La dernière semaine, les derniers jours et les dernières heures avant la compétition sont pour certains le sommet d’une grande planification et pour d’autres les derniers ajustements sans grande conséquence sur la performance. Chacun y va de ses connaissances empiriques, théoriques ou scientifiques ou même de ses croyances. Tous se demandent : comment faire pour que mes joueurs ou moi-même nous arrivions en forme pour une compétition ? Mais restons réaliste d’emblée. Si vous cherchez une méthode universelle, soyez sûr que ce Dossier BAD va vous éclairer sur la complexité du problème et donc sur l’inefficacité d’une telle méthode. En effet, pour arriver en forme sur une compétition de badminton, il y a une multitude de leviers. Aucun de ceux-ci n’est totalement maîtrisable et il est même difficile d’appréhender le degré d’emprise que l’on a sur certains d’entre eux. En revanche, il est possible d’identifier ces leviers et d’en comprendre les mécanismes d’action. Ainsi, il devient possible d’ajuster minutieusement la forme et donc d’adapter sa période d’affûtage en temps réel.
La charge d’entraînement
C’est bien souvent le premier levier auquel on pense. La charge d’entraînement, de manière classique, comprend le volume des séances (leur durée), l’intensité des séances et la fréquence des séances (le nombre de séances). La théorie veut que le volume des séances soient diminué au cours de la période d’affûtage (divisé par 1.5-2), que l’intensité soit maintenue voire légèrement augmentée et que la fréquence soit maintenue voire légèrement diminuée. Si cette méthodologie a été testée et que les résultats sont indéniables, il convient bien sûr de comprendre que cela est loin d’être suffisant.En effet, quel est l’effort le plus intense entre une séance de puissance alactique, par exemple 3*6 smashs maximaux avec 4min de récupération, et une séance de PMA en multivolants, par exemple du 3*(10*30s/30s) ? Gageons que l’effet ne sera pas le même… De même, il se pose la question de l’agencement des séances entres elles : par exemple, dois-je placer ma séance de PMA avant ou après la séance de puissance alactique ? Nous voyons donc que si l’on se limite à une vision de la charge d’entraînement « classique », on passe à côté du cœur du problème.
Les systèmes sympathique et parasympathique
Il s’agit de l’accélérateur (le système sympathique) et du frein (système parasympathique) de l’organisme. Pour simplifier, lorsque vous vous sentez très éveillé et sur le qui-vive, c’est que votre système sympathique a pris le dessus. L’adrénaline et la noradrénaline sont sécrétées. Tandis que lorsque vous êtes éteint, cela veut dire que votre système parasympathique est prédominant et que vous sécrétez de l’acétylcholine. Cela nous intéresse pour notre Dossier BAD car on comprend aisément qu’il vaut mieux être éveillé et donc dans une dominance sympathique pour performer lors d’une compétition de badminton.Nous parlons bien de dominance d’un système sur l’autre car il faut garder en tête qu’à chaque battement du cœur, la sécrétion des différentes hormones (adrénaline, noradrénaline et acétylcholine) fluctue. De même, chacun de ces deux systèmes prend alternativement le relais au cours de la journée. Bien qu’il soit préférable d’être dans une dominance du système sympathique lors de la compétition, il faut savoir que cet état d’éveil est coûteux en énergie. Il ne faut donc pas activer ce système trop tôt avant la compétition. L’agencement des séances entre elles sera donc prépondérant dans ce domaine comme dans la gestion de la récupération qui est fortement liée au système parasympathique. La qualité du sommeil, la facilité à récupérer vite entre des matchs et des séances dépendront grandement de la capacité à activer le système parasympathique. Cela nous amène à avoir de nouvelles exigences comme la capacité à gérer les temps forts et les temps faibles à court (le match, la séance), moyen (le tournoi, la semaine) et long terme (la saison). On ne peut demander à un joueur d’être concentré à 100% toute une séance… En revanche, il est possible de lui apprendre à gérer ses propres cycles d’activation. Cela permettra d’approfondir sa connaissance de lui-même et de nourrir la relation joueur-entraîneur. Ce sera donc un travail très riche pour ces raisons et bien d’autres parmi lesquelles la familiarisation au duel contre soi-même que représente aussi un match ou un tournoi de badminton (ce n’est pas qu’un duel contre un ou des adversaires).
Mémorisons ces quelques informations :
Conclusion
La période d’affûtage est une partie de la planification. L’anticipation est donc de mise. Plus l’anticipation sera pointue, la planification maîtrisée et la connaissance empirique de soi ou des joueurs approndie, plus les ajustements des différents leviers seront légers et maîtrisables. Bien sûr, bien d’autres leviers auraient pu être abordés dans ce Dossier BAD. Nous ne citerons que : l’alimentation, la gestion des stress physiques, psychologiques et sociaux, le sommeil, les délais de récupération suivant les types de séance… Ce qui est important de retenir de ce Dossier BAD, c’est que l’affûtage est un moment d’ultra individualisation. Lorsqu’un joueur aura besoin d’une séance d’explosivité pour s’activer, « se donner faim » 2 jours avant le tournoi, un autre aura besoin d’une séance basse intensité à 3 jours de l’échéance car il a une prépondérance à l’activation du système sympathique l’empêchant de « faire du jus » et le grillant à l’avance.
Bon entraînement intelligent à tous !
Maxime Michel
DESJEPS Badminton
Préparateur physique
Philippe Michel
Professeur Agrégé EPS
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