La vérité sur le relâché serré
La vérité sur le relâché serré
En badminton, on demande aux joueurs d’être systématiquement relâchés, plus ou moins au moment de la frappe. L’idée derrière cela est d’optimiser ton « relâché serré » et d’avoir un meilleur finger power, donc de générer plus de force au volant.
Au premier abord, l’idée semble sexy et pertinente !
Mais, quand j’écoute des coachs enseigner le « relâché serré », je me demande s’ils réalisent vraiment ce qu’un joueur de badminton fait avec sa raquette… Ça peut te paraître dur et sévère de ma part, mais c’est une réalité. J’entraîne maintenant depuis plus de 10 ans, j’ai eu plus de 1200 stagiaires dans mes stages et à chaque fois que j’explique le « relâché serré » et le « finger power », on me dit que leur coach ne l’explique pas comme ça… Ma réponse est simple. As-tu déjà vu un joueur de haut niveau faire cela ? Non, car pour développer un bon transfert de force, il n’y a pas de relâchement dans le « relâché serré ».
Peut-être penses-tu que le haut niveau, c’est un monde à part, mais peu importe ton objectif de progression dans le bad, pour progresser et développer une maîtrise du badminton, tu dois regarder les principes qu’utilisent les joueurs de haut niveau…
Je n’ai pas la prétention de dire que ce que j’enseigne est mieux qu’un autre coach, mais j’ai passé beaucoup de temps à analyser le bad et à me former sur le mouvement du corps humain, l’utilisation des articulations, le transfert de force… et clairement, ce que nous enseignons dans la plupart des clubs et structures en matière de finger power et de relâché serré est loin de favoriser ces derniers points…
Le « relâché serré » et le finger power font partie intégrante de la technique au bad, ce sont d’ailleurs, je pense, les points les plus importants pour générer de la force au volant. C’est purement logique, ce sont les derniers éléments à activer avant la frappe… Si tu n’arrives pas à les activer correctement, alors tu auras une déperdition de force significative !
La véritable question est donc : comment activer correctement son « relâché serré » ?
Ce que nous recherchons avant tout avec le « relâché serré », c’est la plus forte production de puissance, correspondant à Vitesse X Force. Nous cherchons donc à produire le plus de force et de vitesse possible dans le temps le plus court.
Ce qu’on t’enseigne vs. ce qu’on fait réellement
Aujourd’hui, le « relâché serré » est enseigné en se basant sur les termes « relâcher » puis « serrer ». On demande donc aux joueurs de relâcher au maximum leur prise (sans perdre la raquette), puis de serrer cette prise le plus fort possible… Que ce soit en prise haute ou basse, en revers ou en coup droit, les consignes sont globalement les mêmes.
Comme expliqué précédemment, l’objectif de cette technique est de produire le maximum de puissance possible.
Est-ce vraiment le cas ?
Prenons l’exemple de deux sports qui génèrent une grande quantité de puissance
- Le sprint
- L’haltérophilie
Ces deux sports n’ont, certes, rien à voir avec le badminton (bien que l’on puisse trouver des principes intéressants à transférer), mais puisque nous parlons de production de force, regardons ce qui se passe dans ces disciplines « reines » de la puissance !
Au départ d’un sprint ou dans un mouvement d’haltérophilie, on observe généralement les athlètes en tension, et non relâchés. Dans ces sports, la question ne se poserait même pas ; en revanche, dans le nôtre, on demande encore aux joueurs d’avoir une prise relâchée sans tension musculaire. Essaye de faire un sprint en étant tout relâché avant le départ, et dis-moi ton chrono…
La réalité, c’est que pour générer de la puissance, nous devons créer une tension « mécanique » en activant nos muscles.
Le terme « relâché serré », je pense, induit le plus en erreur les coachs et les joueurs. Nous devrions plutôt parler de « serré, très serré », ce qui aurait plus de sens et serait plus proche de la réalité du terrain.
Si tu veux développer de la puissance, améliorer ta stabilité, commence donc par travailler ce « serré, très serré » et non pas ce « relâché serré » qui obsède beaucoup trop.
Je pense que la plupart des entraîneurs et joueurs confondent deux éléments distincts : la dextérité, soit la capacité à changer de prise de raquette, et le fait de générer de la puissance.
Dextérité et changement de prise :
Lorsque nous conseillons à un athlète d’être relâché, c’est dans un but précis.
- Éviter une crispation excessive sur la poigne.
Une telle crispation a des répercussions indésirables, engendrant trois problèmes :
- Incapacité à changer efficacement de prise de raquette.
- Difficulté à utiliser correctement son poignet et ses doigts (et donc à générer de la puissance avec ceux-ci).
- Fatigue prématurée des muscles de la main et de l’avant-bras (conduisant à une perte de force).
Demander d’être relâché ne signifie pas relâcher son grip à 80 % ! Un tel relâchement n’a aucun sens pour la frappe du volant… Aucun joueur de haut niveau n’adopte cette méthode, qui, de surcroît, réduit la puissance de la frappe.
Cependant, utiliser ce principe de relâchement comme outil pédagogique pour les débutants, afin de développer leur dextérité et leur capacité à changer de prise, est judicieux… à condition de ne pas le confondre avec le concept de « relâché serré ».
Garde à l’esprit qu’un exercice éducatif est un moyen décontextualisé de l’activité visant à développer une habileté spécifique.
Le « finger power » au cœur du « serré, très serré » :
Ce qui nous intéresse à présent, c’est de maximiser la puissance dans notre prise. Pour y parvenir, tu devras développer ta force, mais également ta vitesse. Travailler la vitesse dans ce contexte étant quasi impossible, nous nous concentrerons sur le développement de la force de ta poigne.
Je te suggère de travailler sur deux types de contractions musculaires à des amplitudes spécifiques :
- Amplitude « serrée ».
- Amplitude « très serrée ».
Contraction isométrique (sans mouvement) :
Vise à soulever des charges de plus en plus lourdes à ces deux amplitudes. Si tu n’as pas accès à du matériel adéquat, tu peux opter pour des suspensions à une barre de traction (ce travail sera moins focalisé sur la force mais reste pertinent).
Contraction concentrique, excentrique :
Essaie de soulever une charge de « poids moyen » (adapté à ton niveau) et effectue le mouvement de « serré, très serré ». (La charge doit rester près de ton corps).
Le nombre de séries et de répétitions doit être défini en fonction de tes objectifs : développement de la force, hypertrophie, endurance…
J’espère que cet article t’aura éclairé sur le fameux « relâché serré » et t’aidera à mobiliser ta véritable puissance de frappe !
N’hésite pas à partager tes impressions par commentaire !
Laurent
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