Dossier Bad n°22

Dossier Bad n°22

Dossier bad n22

Posturologie et badminton : une réponse à vos blessures ?

La réathlétisation et la prophylaxie (prévention de futures blessures et des récidives), sont des sujets très en vogue actuellement dans les domaines de l’entraînement, de la préparation physique et de la kinésithérapie du sport. Si ces sujets étaient mieux pris en compte il y aurait sans doute moins de blessures chez les joueurs de badminton français de très haut-niveau. L’analyse des particularités posturales individuelles est un domaine parmi d’autres à investiguer pour être dans une démarche prophylactique. Cela peut permettre à la fois de prévenir des blessures mais aussi d’améliorer la performance grâce à un travail non interrompu par des blessures, ainsi que par l’intermédiaire de la reprogrammation motrice puisque l’être humain (et donc le sportif) n’est pas immuable. En effet plus de 80% des gènes sont modifiables en fonction de notre environnement social, environnemental, culturel, humain etc… Cette connaissance de la malléabilité (sans occulter les caractéristiques individuelles de chacun) nous fait réfléchir sur les méthodes d’analyse un peu trop définitives et pré-compartimentées qui induisent des exercices correctifs pré-définis. Nous analyserons un exemple de problèmes posturaux chez le joueur de badminton puis quelques moyens d’y remédier.

Et si vos blessures venaient de votre épaule ?

Rares sont les joueurs de badminton qui n’ont jamais eu mal dans le bas du dos et/ou à l’épaule à l’issu d’un tournoi bien chargé. Et si ces deux problèmes étaient liés ? En effet, comme nous l’avons déjà évoqué dans le Dossier BAD n°3 « Pompes et badminton : arrêtez le massacre », la frappe main haute en badminton entraîne une rotation interne (rotation médiale) et une bascule avant de l’épaule. Si rien n’est mis en place pour lutter contre cette source de déséquilibre, le sous-scapulaire (pour la rotation médiale), les trois grands pour la rotation médiale et l’adduction (grand rond, grand pectoral et grand dorsal), accessoirement le coraco-brachial pour la rotation médiale, le deltoïde antérieur et le biceps brachial pour l’adduction vont prendre l’ascendant sur leurs antagonistes (muscles opposant des forces contraires) moins nombreux et naturellement plus faibles. Ce déséquilibre peut entraîner une hypercyphose thoracique, elle-même accentuant la lordose lombaire ce qui peut créer des tensions dans les muscles érecteurs du rachis par exemple. Des muscles érecteurs du rachis tendus peuvent prendre le dessus sur les fléchisseurs de la hanche tel que les abdominaux par exemple qui se relâcheront. N’avez-vous pas le ventre totalement relâché, gonflé lorsque vous êtes assis ? Ainsi que le dos complètement vouté ?

Un grand dorsal fort et souple

Si les analyses posturales ont permis de faire les déductions que nous avons décrites ci-dessus et qu’elles ont également révélé une hypo-mobilité de l’omoplate lorsque les bras sont levés, cela peut venir d’une hypo-extensibilité du grand dorsal. En effet, celui-ci s’attache sur l’angle inférieur de l’omoplate limitant ainsi sa mobilité. De plus, le grand dorsal se rattache également à l’intérieur de l’humérus. S’il est hypo-extensible, celui-ci va attirer l’humérus en rotation médiale perturbant ainsi le rythme de l’articulation scapulo-humérale. Un travail axé sur l’augmentation de l’extensibilité du grand dorsal tout en améliorant son rapport raideur-compliance et sa force permettront d’améliorer à la fois l’efficacité des mouvements et de réduire le risque de blessures localement et en périphérie. Considérons tout de même que l’analyse posturale rigoureuse est prépondérante puisque le grand dorsal peut être la cause comme dans le cas que nous avons traité mais aussi l’une des conséquences. En effet, le problème peut aussi venir par exemple, d’une raideur du psoas combinée à une faiblesse du grand fessier (souvent liées à une position assise fréquente et mal gérée : les écoliers/étudiants). En définitive, le travail de prévention des blessures à l’épaule (ou provenant de l’épaule) ne se limite pas aux tirages (parfois néfastes) et aux rotations externes de l’épaule (trop souvent pratiquées en dynamiques et dans des angles traumatisants).

Conclusion

Nous avons vu que l’analyse posturale est un moyen parmi d’autres de déduire des faiblesses et des causes de blessures antérieures ou futures. Ce type d’analyse est relativement facile d’accès, peu coûteuse en temps et en énergie pour un entraîneur formé sur ce sujet (formation continue) ou collaborant avec un préparateur physique. Elle permet de cartographier les problèmes individuels et de mettre en place un protocole d’exercices correctifs. Ces corrections pourront s’opérer de manières différentes pour guider les échauffements, les retours au calme, des séances dédiées de manière individualisée et peuvent aussi permettre de donner une trame aux joueurs dans la gestion de leurs « temps perdus ». Néanmoins, si cette méthodologie est pratique, elle n’est pas suffisante pour des structures de très haut-niveau. Celles-ci pourraient la combiner à l’analyse de l’histoire traumatologique, la mise en place de protocole de tests de préparation physique complétés par un protocole de tests de kinésithérapie complémentaires. Ainsi, il ne s’agirait plus que de déduire mais aussi d’en augmenter la fiabilité. Enfin, il convient de replacer tout ceci dans un contexte global et de se rappeler que la première prophylaxie réside dans la planification et la maîtrise de la charge d’entraînement.

Bon entraînement intelligent à tous !

 

Maxime Michel
DESJEPS Badminton
Préparateur physique

Philippe Michel
Professeur Agrégé EPS

Découvre notre application mobile ici !

Disponible sur Google Play

STAGE JEUNES ET ADULTES LA TOUSSAINT

Stage badminton la toussaint

STAGE JEUNES ET ADULTES D’ÉTÉ

 

Stage jeunes et adultes

STAGE BAD & VAC MARTINIQUE

 

Stage badminton martinique

STAGE INDONESIE INTENSIF

 

stage indo

Dossier Bad n°21

Dossier Bad n°21

Dossier bad n21

Quelques questions autour de la planification en badminton
Créer du lien entre les dimensions de la performance

Planifier est un acte complexe. Planifier, est sans doute la première étape pour concevoir des entraînements intelligents. Cela traduit à la fois la capacité à anticiper mais aussi à élaborer une stratégie basée sur des connaissances dans le domaine de la planification. Les connaissances en matière de planification de la dimension physique avancent à grands pas. Néanmoins, l’un des paramètres complexes réside dans la cohérence et la synergie de la planification des différentes dimensions de la performance. Faut-il concevoir la planification en blocs où l’on dissocie le travail physique du travail tactique, technique et mental ? Est-il possible de construire une planification cohérente en abordant chacune des dimensions de manière synergique ? Nous allons voir dans ce Dossier BAD qu’accepter la complexité de l’acte de planification c’est aborder avec lucidité les problèmes qui y sont liés pour humblement entrevoir des solutions chemin faisant. Bien sûr, ce Dossier BAD ne peut traiter l’ensemble des problématiques liées à la planification. Deux précédents Dossiers BAD ont traité de la planification et de la programmation (Dossier BAD n°10 Programmer une séance de badminton ; Dossier BAD n°11 Planifier pour le badminton : construire le chemin de la performance)

 

Est-il viable de « planifier » de manière dissociée le travail des différentes dimensions de la performance ?

Pour que tout le monde s’imprègne de notre démarche, il s’agit ici de se demander s’il est pertinent de planifier par exemple un premier cycle de développement des qualités tactico-techniques puis un deuxième cycle de développement des qualités physiques. Cet exemple ne relève pas du hasard ou de l’imagination mais a bien été formulé et mis en pratique. Le premier cycle devait durer 2 à 3 ans environ selon l’atteinte de critères de réussite puis seulement ensuite, la dimension physique aurait été abordée de manière à être développée. Cette méthode n’a pas pu être menée à son terme ce qui nous aurait permis d’en évaluer son efficacité. Bien que selon nous, même si elle peut donner certains résultats (de la même manière que sans planifier, il est possible de progresser), celle-ci comporte plusieurs incohérences. Tout d’abord, lors du premier cycle consacré au développement des qualités tactico-techniques, il est impossible de ne pas aussi aborder la dimension physique. Qu’on le veuille ou non, le joueur va mobiliser sa coordination motrice, sa statique, son gainage et ses filières énergétiques même lors des situations les plus passives. Ne mobilise-t-on pas nos muscles posturaux lorsque nous regardons avec passion un match de badminton ? Ensuite, il nous semble logique qu’opérer une telle rupture entre le travail physique et le travail tactico-technique ou même mental ne correspond pas à la complexité de la tâche que représentent un match, un tournoi, une saison et une carrière de joueur de badminton. L’intention large en badminton est de remporter deux sets de 21 points pour gagner un match. Cette simple intention oblige le joueur à mobiliser les différentes dimensions de la performance de manière synergique et cela doit être pris en compte aussi bien dans l’entraînement que dans la planification.

Comment associer les différentes dimensions de la performance dans la planification en badminton ?

Les connaissances physiologiques et biomécaniques sont des atouts indispensables pour entrevoir des réponses logiques et cohérentes à cette question qui est selon nous, LA question à se poser pour concevoir des entraînements non seulement intelligents mais surtout efficaces. Gardons en tête que l’entraînement intelligent est la seule solution viable et légale pour rivaliser avec les asiatiques. Afin de pouvoir associer le travail des différentes dimensions de la performance dans la planification, il faut tenter de regrouper les axes de travail compatible entres eux. Par exemple, dans une même séance, vous ne pouvez pas décemment tenter de développer la capacité aérobie et la fixation en attaque de fond de court. En effet, le travail de fixation en attaque de fond de court nécessite des changements de rythme au niveau des déplacements pour être le mieux placé possible ce qui aura un coût énergétique important et ne pourra être maintenu sur un effort continu de longue durée comme le nécessite un travail de capacité aérobie. Par ce simple exemple, nous entrevoyons la complexité de l’acte de planification qui nécessite de prendre en compte nombre de paramètres. De plus, il nous faut garder à l’esprit que l’intention large dont nous parlions plus haut doit être la plus présente possible lors des séances. Mais comment imbriquer un développement de la capacité aérobie, de la capacité à s’adapter à des problèmes tactico-techniques et mentaux ?

Voici un exemple de solution :

La logique veut qu’un travail de capacité aérobie s’accorde avec des efforts relativement continus et longs. Sur le terrain de badminton, cela se traduit donc par peu d’incertitude pour éviter les changements de rythme, un terrain réduit pour éviter les grands déplacements et la suppression/limitation des frappes coûteuses en énergie. Imaginons que nous sommes en début de saison avec un groupe de joueur ayant des difficultés à gérer leurs émotions face à l’adversité et avec un profil d’attaquant « fou ». Il est alors possible de se fixer les objectifs suivants pendant le premier cycle de saison :

Bien sûr, il s’agit là d’un exemple parmi tant d’autres. Le choix des dimensions, de leurs appellations et de leurs imbrications peut évidemment varier selon les approches, conceptions et opinions de chacun. Néanmoins, ce genre de réflexion doit être opéré pour chaque séquence, de chaque séance de chaque cycle, de chaque planification afin de garantir cohérence et synergie dans l’entraînement et la recherche de performance dans le respect de l’intégrité physique. Rappelons également que ce Dossier BAD ne traite qu’une problématique parmi tant d’autres concernant la planification en badminton. Deux Dossiers Bad cités ci-dessus ont déjà traité d’autres aspects et de prochains articles viendront étoffer ce travail.

Bon entraînement intelligent !

 

Maxime Michel
DESJEPS Badminton
Préparateur physique

Philippe Michel
Professeur Agrégé EPS

Découvre notre application mobile ici !

Disponible sur Google Play

STAGE JEUNES ET ADULTES LA TOUSSAINT

Stage badminton la toussaint

STAGE JEUNES ET ADULTES D’ÉTÉ

 

Stage jeunes et adultes

STAGE BAD & VAC MARTINIQUE

 

Stage badminton martinique

STAGE INDONESIE INTENSIF

 

stage indo

Dossier Bad n°20

Dossier Bad n°20

reprise d'appuis

La reprise d’appuis en badminton : analyse et périmètre de travail

L’analyse épistémologique des pratiques sportives compétitives est essentielle pour appréhender dans leur ensemble les évolutions des différentes dimensions de la performance. Si l’on observe un geste technique particulier et l’évolution que cette technique a subi au cours du temps, alors il devient possible d’en saisir l’essence et de tenter de se placer en projection. Dans l’analyse d’un geste technique, il peut aussi être intéressant de faire des rapprochements avec les techniques utilisées dans d’autres disciplines. Des connaissances au niveau biomécanique et anatomique permettent d’être précis et facilitent une réflexion basée sur le bon sens et la logique. La reprise d’appuis en badminton peut paraitre simple dans sa réalisation, mais elle est soumise comme tout geste technique à des « lois d’efficacité ». Ce n’est qu’à l’intérieur de ces lois que chacun peut avoir son degré de liberté, son optimisation particulière. La connaissance de ces principes de fonctionnement communs est donc essentielle pour ne pas nuire à court et long termes à la performance et/ou à l’intégrité physique. Cela vaut aussi bien pour la pratique compétitive que pour le choix des méthodes d’entraînement. Nous allons donc nous attacher dans ce Dossier BAD à décrire ce qu’est une reprise d’appuis en badminton au travers d’aspects biomécaniques et anatomiques fondamentaux, et à poser le cadre méthodologique dans lequel le travail de la reprise d’appuis devrait se placer.

Qu’est-ce qu’une reprise d’appuis en badminton ?

Mettons de côté certains aspects multifactoriels complexes concernant la reprise d’appuis comme la prise d’information-décision en situation dynamique ou encore l’accélération multidirectionnelle. Concentrons-nous sur les aspects biomécaniques et anatomiques de base. Fondamentalement, la reprise d’appuis en badminton, c’est de la pliométrie.Mais qu’est-ce que la pliométrie ? Il s’agit de la capacité à rebondir en percutant (le sol par exemple) ou non (un contre-mouvement, le plus connu étant le CMJ ou Contre-Mouvement Jump). Lors d’un rebond comme une reprise d’appuis, le joueur met en jeu des structures actives (ses muscles se contractent) et des structures passives qui renvoient simplement l’énergie à la manière d’une balle rebondissante. La capacité à renvoyer de manière efficace l’énergie de ces structures passives est importante car il s’agit d’une énergie « gratuite » puisqu’elle ne demande aucune dépense énergétique. Gardons également en tête qu’une contraction pliométrique n’est autre que la succession d’une contraction excentrique et d’une contraction concentrique. Cela étant dit, il nous faut maintenant considérer que chacun a un degré de liberté quant à la part d’utilisation optimale des structures actives et passives tout en sachant que plus la part des structures actives est conséquente, plus la dépense énergétique sera grande. De même, le degré de percussion du sol lors de la reprise d’appuis (la hauteur du saut d’allègement) est à optimiser de manière individuelle car tous non pas la même rentabilité selon la hauteur de la « chute » et le rebond à produire (hauteur, direction, délais, précision…). Enfin, il faut aussi prendre en compte les particularités individuelles quant aux zones de travail prédominantes lors d’un rebond. Si les tendons d’Achille constituent le principal ressort lors d’un rebond comme une reprise d’appuis, la part d’utilisation des différents chefs du quadriceps, des gastrocnémiens, des soléaires et des extenseurs de la hanche peut varier de manière considérable d’un joueur à l’autre.

Maintenant que les bases sont posées, posons-nous certaines questions d’actualité : faut-il s’entraîner à frapper le sol le plus fort possible lors de la reprise d’appuis ? Est-ce qu’être capable de faire beaucoup de bruit en frappant le sol est un marqueur pertinent de la puissance de démarrage lors de la reprise d’appuis ?

Pour répondre à ces questions, il nous faut nous demander si le critère de réussite (faire le plus de bruit possible en frappant le sol) est bien pertinent au regard de la spécificité de la reprise d’appuis du joueur de badminton. Nous devons également répondre à une interrogation forte à ce sujet, à savoir : la recherche de « bruit » lors du travail de la reprise d’appuis est-elle traumatisante ? Tout d’abord, la reprise d’appuis en badminton se fait sur l’avant du pied puisqu’il s’agit de pliométrie et que l’utilisation du tendon d’Achille y est grandement soumise. Or, si l’on tente de faire du bruit en frappant le sol sur l’avant pied, le résultat sera bien décevant comparé à un choc « plein pied ». Le critère de réussite choisi peut donc être facilement biaisé par un joueur malin. D’ailleurs, soulignons qu’une attaque plein pied du sol se fait en haltérophilie de manière extrêmement violente mais pour des raisons différentes, par exemple un renvoi de force verticale du sol, un gainage en réaction au choc, une recherche de stabilité et de puissance sur l’extension de la jambe et de la hanche. Une attaque violente sur l’avant du pied lors d’un travail de la reprise d’appuis pourra avoir comme conséquence de placer le genou en avant de la pointe des pieds ce qui peut être traumatisant lors de chocs pliométriques répétés. Le tendon d’Achille sera également mis à rude épreuve puisqu’il sera le principal frein aux chocs puissants engendrés par la chute, le poids de corps et les puissants muscles quadriceps principalement. En revanche, la recherche de non bruit lors du rebond sera intéressante pour travailler la capacité de freinage, c’est-à-dire la phase excentrique de la contraction pliométrique, ce qui permettra d’augmenter la qualité de rebond, et donc la puissance de démarrage. De plus, cela préparera à un travail plus quantitatif et encore plus exigeant.

Pour rappel, voici un exemple méthodologique de travail de force explosive pliométrique : de 4 à 8 séries de 6 à 12 répétitions avec une hauteur de chute inférieure à 60cm et un temps de récupération inter-séries de 2min au minimum.

Bon entraînement intelligent à tous !

 

Maxime Michel
DESJEPS Badminton
Préparateur physique

Philippe Michel
Professeur Agrégé EPS

Découvre notre application mobile ici !

Disponible sur Google Play

STAGE JEUNES ET ADULTES LA TOUSSAINT

Stage badminton la toussaint

STAGE JEUNES ET ADULTES D’ÉTÉ

 

Stage jeunes et adultes

STAGE BAD & VAC MARTINIQUE

 

Stage badminton martinique

STAGE INDONESIE INTENSIF

 

stage indo

Dossier Bad n°19

Dossier Bad n°19

Dossier bad n19

Comprendre la fente du joueur de badminton

Il est communément admis que l’activité physique a des vertus pour la santé. Mais la pratique du badminton n’est-elle pas dans certains cas en contradiction avec cette finalité ? Il est aisé de remarquer par simple observation visuelle les différences de volume musculaire entre les cuisses d’un même joueur de badminton. Si l’on rentre un peu plus dans le détail, on remarquera également des hypercyphoses thoraciques, des rotations antérieures de l’épaule et des relâchements de l’abdomen accompagnés d’hyperlordoses lombaires. Autant de signes précurseurs ou à l’origine de certaines pathologies. Par exemple, quel entraîneur n’a jamais eu un joueur se plaignant de mal de dos ? Sachez que ce dernier avait sans doute l’un des signes visuels énoncés plus haut. Ces modifications corporelles et posturales peuvent être le produit de la pratique du badminton et la fente y est en partie pour quelque chose. La fente et la frappe sont les deux mouvements à l’origine de l’asymétrie du joueur de badminton. De plus, ils se combinent parfaitement pour augmenter les déséquilibres tel un cercle vicieux. Nous allons donc aborder différents types de fentes ainsi que leurs conséquences sur la performance et l’intégrité physique.

Les différents types de fente

Nous allons analyser brièvement différents types de fente et tenter de mieux cerner les mécanismes sous-jacents. Bien sûr, cette « classification » ne tend pas à ranger les joueurs dans des cases. Il s’agit ici d’observables permettant de donner des axes de travail et non de prôner une méthode d’apprentissage dite du modèle. Retenons que chacun est différent et que donc chacun a sa propre manière de faire une fente. Néanmoins, certains principes anatomiques et biomécaniques sont sensiblement les mêmes pour tout le monde et rappelons-nous que le feeling du joueur ne fait pas toujours bien les choses. C’est pourquoi il est parfois judicieux de modifier certaines programmations motrices pour améliorer la performance et/ou pour préserver l’intégrité physique. Voici trois manières de faire une fente :

La fente en quadriceps

Il s’agit d’une fente avec une attaque par le médio-pied de la jambe avant, voire par l’avant du pied. Ainsi, le freinage est effectué en grande partie par les quadriceps. Ce type de fente est violent avec un freinage très bref voire parfois accompagné d’une glissade ou de plusieurs pas de freinages sur la jambe avant. Le genou a tendance à dépasser la pointe du pied ce qui ne pose pas de problème lorsque l’on est accroupi sans aucune charge additionnelle (nos ancêtres se déplaçaient de cette façon…), mais cela est très différent lorsque l’on s’arrête quasiment sur une seule jambe avec une certaine vitesse initiale… ! Le joueur aura tendance à ne pas chercher beaucoup d’amplitude dans cette fente du fait de sa violence, du peu de groupes musculaires qui y participent et de la faiblesse de ses ischios-jambiers en contraction excentrique (allongement du muscle + contraction). La stabilité pourra aussi pêcher du fait de la répartition du poids du corps sur l’avant-pied et aussi de la violence du freinage. L’autre inconvénient qui est le plus important à notre avis, sera l’augmentation du déséquilibre entre les ischios-jambiers et les quadriceps. Le joueur de badminton utilise déjà énormément ses quadriceps lors des différents rebonds et sauts. Les fentes sont les moments pour lui de solliciter aussi ses ischios-jambiers… De plus, les joueurs qui utilisent cette fente le font certainement parce qu’ils sont déjà plus forts sur les quadriceps que sur les ischios-jambiers. Le joueur veut être le plus efficace possible, il utilise donc ses zones fortes, augmentant ici des déséquilibres existant au préalable.

La fente en dos

Il s’agit d’une fente où le joueur va « ramasser en dos » pour utiliser un terme issu des sports de force. Le joueur va ainsi s’avachir sur sa jambe avant, soulageant le membre inférieur au détriment des érecteurs du rachis (lombaires). Les joueurs qui pratiquent cette fente ont adapté le mouvement de fente en fonction de leur force, c’est-à-dire en utilisant préférentiellement les érecteurs du rachis. Cette fente traduit une faiblesse au niveau des membres inférieurs et aussi au niveau abdominal. Oublions le travail de gainage postérieur pour ceux-ci au profit d’un renforcement abdominal drastique et d’un apprentissage du freinage en fente sur des angulations basses. Le travail abdominal permettra également aux joueurs dans ce cas de figure d’améliorer leur posture par un meilleur maintien de l’abdomen. Pour aller plus loin, il faudra mettre en place des exercices de corrections posturales pour lutter contre la projection avant de la tête, la rotation avant des épaules et la cyphose thoracique.

La fente en chaîne postérieure

Il s’agit d’une fente où le joueur attaque le sol par le talon avec la jambe avant tendue et le tronc légèrement penché vers l’arrière. Il s’agit en fait de produire un alignement talon-genou-bassin-épaule de façon à être dans la meilleure position pour absorber le choc du talon et freiner le plus possible la pose du pied, la flexion du genou et la chute du tronc. Vous l’aurez compris, il s’agit de la fente avant parfaite quasi-impossible à reproduire sur un terrain de badminton. Néanmoins, il est intéressant de travailler cette posture pour faire de la reprogrammation motrice au niveau de la chaîne postérieure. En effet, en travaillant cette fente sans volant en début de séance jusqu’à fatiguer les zones de travail, puis en refaisant des fentes en situation sur le terrain, vous augmenterez la sensibilité des zones fatiguées les rendant ainsi plus actives dans la pratique. Vous pourrez à terme modifier la programmation motrice lors de l’exécution d’une fente de vos joueurs. Il est courant de parler de l’attaque talon dans le monde du badminton lors de l’exécution d’une fente, mais celle-ci est insuffisante dans une optique d’équilibration des chaînes antérieures/postérieures et autour de l’articulation du genou.

Conclusion

Ce Dossier BAD a tenté d’aborder la fente de manière simplifiée en recentrant le débat sur la fente avant et dans un objectif d’augmenter sa rentabilité, son efficacité et l’équilibre corporel. Bien entendu, nous aurions pu différencier la fente « haute » en position favorable de la fente extrême en situation défavorable. De même, les fentes latérales et arrières présentent également des particularités au niveau biomécanique particulièrement intéressantes à décrire et indispensables à la mise en place d’une construction motrice raisonnée. Même si les programmations motrices peuvent être modifiées à tous âges, ce travail sera très payant sur le long terme chez les jeunes et leur évitera surtout des traumatismes aigus et/ou chroniques potentiellement handicapant dans leur pratique comme dans leur vie future.
Gardons en tête deux points essentiels :

  • Le premier est que si le badminton n’est pas le meilleur sport pour préserver ou améliorer sa santé, cela dépend uniquement de la manière dont on le pratique. La manière « naturelle » de chacun à faire une fente avant en fait partie.
  • Le deuxième point à retenir est que la recherche de performance en badminton n’est pas forcément corrélée à une détérioration de l’intégrité physique et mentale. Lorsque l’on part de ce postulat et qu’on analyse la biomécanique de la fente en badminton, on remarque que la recherche d’une fente équilibrée rime avec la production d’une fente performante. Il serait donc dommage de s’en passer.

Bon entraînement intelligent à tous !

Maxime Michel
DESJEPS Badminton
Préparateur physique

Philippe Michel
Professeur Agrégé EPS

 

Découvre notre application mobile ici !

Disponible sur Google Play

STAGE JEUNES ET ADULTES LA TOUSSAINT

Stage badminton la toussaint

STAGE JEUNES ET ADULTES D’ÉTÉ

 

Stage jeunes et adultes

STAGE BAD & VAC MARTINIQUE

 

Stage badminton martinique

STAGE INDONESIE INTENSIF

 

stage indo

Dossier Bad n°13

Dossier Bad n°13

Dossier bad n13

 La Force pour le joueur de badminton

Pourquoi est-elle essentielle ?

La force n’est pas à proprement parler LA qualité qui nous vient à l’esprit lorsque l’on parle de badminton. D’ailleurs, si l’on plaçait Monsieur et Madame tout le monde devant un match de badminton de haut-niveau et qu’on leur demandait de nous donner les principales qualités physiques des joueurs à l’écran, gageons que la force ne serait pas de la partie. Les qualités simplement exprimées par des néophytes, dont les remarques naïves sont parfois pleines de bons sens, seraient certainement l’explosivité, la souplesse, l’endurance ou encore la puissance. Or, chacune de ces qualités est en lien avec la force. Parfois même, la stagnation dans le développement de ces qualités trouve sa source dans l’inutilisation du travail de force. Mais s’il faut que le joueur de badminton fasse du travail de force, ne va-t-il pas « gonfler » ? Ne risque-t-il pas s’il est pubère ou pré-pubère de voir sa croissance stoppée ? Ne risque-t-il pas de se blesser sous les charges lourdes ? Laissons nos préjugés de côté le temps de cette lecture.

 

Pourquoi travailler la force ?

 

Avant de relier le travail de force au badminton, il nous faut bien comprendre que le mot force n’est pas automatiquement connecté à la fonte. Sortons de nos esprits les haltères, les barres olympiques et autres salles de musculation remplies de machines faites pour le travail analytique. Remplaçons ces images par celle d’un nourrisson. Imaginons le allongé sur le ventre et cherchant à se redresser. Il prend appui sur ses mains en repoussant le sol ce qui lui permet de plier une jambe et de prendre un troisième appui sur son pied. Ce nourrisson réalise sa première fente. Ces trois appuis lui permettent de redresser son buste et de ramener son autre jambe pour se retrouver accroupi. Il ne lui reste plus qu’à réaliser son premier squat pour être debout. La nature nous oriente elle-même dès notre plus jeune âge vers un travail de force ô combien fonctionnel et nous donne les réponses aux questions : faut-il faire du travail de force pour « les jeunes » ? Le travail de force nécessite-t-il obligatoirement des charges lourdes ?

 

Pourquoi le travail de force est-il essentiel en badminton ?

 

Le travail de force est essentiel en badminton selon plusieurs approches :

 

  • Selon une première approche, les performances de force maximale sont fortement corrélées aux performances de vitesse. La relation entre la force et la vitesse interindividuelle est très disparate et nécessite des tests pour déterminer les besoins de chacun. Néanmoins, il est aisé de remarquer que l’entraînement de la vitesse est souvent recherché en badminton ce qui n’est pas le cas de la force. Il est donc possible de formuler l’hypothèse suivante : les joueurs de badminton pourraient avoir une valence vitesse très prononcée dans la relation force-vitesse. Or se priver de développement dans le domaine de la force revient à limiter sa progression dans celui de la vitesse… De plus, le travail de force, qui est souvent corrélé à tort à la prise de masse et/ou de volume musculaire, permet d’améliorer le recrutement et la synchronisation des unités motrices. Il permet également d’augmenter la raideur du système musculo-tendineux ce qui est un facteur de performance non-négligeable en badminton (voir Dossier BAD n°2)
  • Selon une deuxième approche plus novatrice, le travail de force aurait aussi des effets positifs sur la capacité du joueur de badminton à tenir une haute intensité d’effort durant un match « marathon ». En effet, le travail de la force maximale aura plusieurs effets bénéfiques :
    1. Il aura un effet positif sur l’économie du mouvement par une meilleure activation des unités motrices. Le temps de contact au sol en sera également diminué par un meilleur effet de stockage-restitution de l’énergie et une meilleure coordination intra et intermusculaire.
    2. Il permet d’augmenter la force des fibres de type I. Au cours d’un match à rallonge, les fibres de type I pourraient perdre en force de par leur sur-utilisation. Cette chute du niveau de force est petit à petit remplacée par les fibres de type II, beaucoup moins économiques. Elle s’accompagne donc rapidement d’une augmentation de la fatigue et donc de la performance. Le travail de la force maximale permettra de repousser cette échéance en renforçant les fibres de type I car ce type de travail sollicite toutes les fibres ! On a tendance à l’oublier…

La mise en œuvre d’un travail de force autour de ces deux approches suppose le choix :

 

  • des groupes et chaînes musculaires sollicités spécifiquement en badminton.
  • des méthodes de travail (intensité, temps de travail, temps de récupération, nature de la récupération…)
  • L’analyse des particularités individuelles (postures, morphologies…)

 

Ces choix et leurs implications concrètes ne peuvent être développés que lors de séances pratiques. Ce Dossier BAD, comme tous les autres, ne peut en aucun cas donner un programme clé en mains, rarement pertinent dans le but d’améliorer la performance en badminton tout en préservant l’intégrité physique.

 

Conclusion

 

Le travail de force est le grand oublié dans l’entraînement du joueur de badminton. Pourtant, les chocs pliométriques générés par la pratique du badminton peuvent être égaux à plusieurs fois le poids du corps. De même, les efforts excentriques dans des positions de fentes profondes entraînent des contraintes mécaniques souvent supérieures à la plupart des exercices avec charges qu’il nous ait été donné d’observer dans le monde du badminton. La conclusion est donc simple, peu de joueurs aujourd’hui sont réellement préparés aux contraintes phénoménales qu’engendre le badminton. La chance (ou plutôt la malchance !) génétique, contextuelle, temporelle décide de la résistance de nos joueurs (voir sur cette question «La philosophie des Dossiers BAD »). Pourtant, le poids de notre propre corps, s’il est utilisé judicieusement, offre déjà des perspectives plus que satisfaisantes. Les seuls freins au travail de force sont l’acquisition de connaissances et l’imagination dans la construction de situations adaptées, car il peut se faire avec peu ou pas de matériel. Bien sûr, des équipements de haute qualité, comme on en voit dans certains centres, peuvent offrir des possibilités illimitées. Mais posséder de bons équipements ne suffit pas, encore faut-il les utiliser de manière pertinente…

 

Que la force soit avec vous !

 

Bon entraînement intelligent à tous !

 

 

 

Maxime Michel
DESJEPS Badminton
Préparateur physique

Philippe Michel
Professeur Agrégé EPS

Découvre notre application mobile ici !

Disponible sur Google Play

STAGE JEUNES ET ADULTES LA TOUSSAINT

Stage badminton la toussaint

STAGE JEUNES ET ADULTES D’ÉTÉ

 

Stage jeunes et adultes

STAGE BAD & VAC MARTINIQUE

 

Stage badminton martinique

STAGE INDONESIE INTENSIF

 

stage indo